Préambule : Si tu veux signer un contrat avec un label, adopte le bon état d'esprit
Quand on doit signer un contrat avec un label et qu’on n’est ni juriste ni négociateur chevronné, forcément on passe par une phase de (GROS) STRESS :
Est-ce que je vais me faire arnaquer ? Purée, je comprends rien au jargon juridique ! Faut que je lise des bouquins de Droit ! Vite, faut que je trouve un modèle de contrat sur internet ! Oh la la mais est-ce que je vais être capable de me défendre ? …
En fait, t’as raison de stresser
Oui, signer un contrat, c’est un engagement fort.
Conclure un contrat de cession d’une oeuvre musicale, s’engager dans un contrat d’artiste ou un contrat de licence exclusive, c’est un engagement sérieux qui a des conséquences sur le long, voire très très long terme.
Je te rappelle par exemple que quand, en tant qu’auteur-compositeur, compositrice, tu cèdes tes droits d’auteur à un éditeur musical, tu les cèdes souvent en réalité pour PLUS d’UN SIÈCLE. En as-tu conscience ?
Donc oui, si tu veux approcher un producteur, signer un contrat avec un label, t’as raison de stresser et de vouloir te préparer.
C’est pour cela que j’ai décidé de te partager 4 CONSEILS tirés de mon expérience et, attention : de ma vision personnelle des contrats 😉
Dans cette série d’articles, je vais te parler de ce qui est – presque – le plus important pour moi dans une négociation de contrat : la posture & l’état d’esprit.
L’importance de la préparation mentale avant un rendez-vous
Une négociation de contrat, c’est comme un sport. Pas de combat, non. Ce n’est pas ma vision de la négociation. Je le vois plutôt comme un art martial.
Pour signer un contrat avec un label, bien sûr que tu dois connaître les techniques juridiques et c’est la raison d’être de ce site et de mon cours en ligne Accord Parfait.
Mais, négocier, ce n’est pas qu’une question de technique.
C’est ce dont je parle dans l’article que je te recommande chaudement de lire : Négocier, un autre regard
Dans les écoles de Droit ou les formations juridiques, on nous apprend la technique des contrats, beaucoup.
Mais on ne nous dit rien sur la préparation mentale, physique et énergétique même, avant une négociation.
On ne nous apprend malheureusement PAS :
- la gestion du stress
- la maîtrise de sa voix
- l’importance du regard
- le respect de la parole d’autrui
- la psychologie humaine
- la communication non verbale
- la justesse de sa posture
- l’assertivité
- etc.
Parce que oui, tout ça, ça fait partie du processus de la négociation.
Et s’il est difficile pour toi de devenir expert·e juridique en 1 mois, tu peux néanmoins travailler sur d’autres aspects tout aussi importants.

Alors dans cette série d’articles, on ne va pas voir ensemble comment bien gérer son stress ou apprendre à écouter les nuances dans la voix de son interlocuteur (même si ça serait génial), mais je te partage les 3 conseils qui sont pour moi FONDAMENTAUX et ACCESSIBLES à n’importe qui sans faire 10 ans d’études ou 3 mois de retraite dans un ashram en Inde.
Conseil #1 : Ose poser des questions !!
Tu veux que je te dise un truc ?
La majorité des artistes et des entrepreneurs se font ARNAQUER ▶︎▶︎▶︎ parce qu’ils SIGNENT des contrats qu’ils ne comprennent PAS !
C’est pour ça que j’ai publié ce Guide de négociation, indispensable si tu vas bientôt signer un contrat :
Si tu as déjà signé un contrat avec un label et que tu t’es retrouvé·e dans une situation difficile à cause d’un accord pourri, un conseil très important :
Surtout, ne rejette pas la faute sur les autres et essaye de décortiquer le truc et voir là où tu t’es planté·e (sans te flageller, sans te juger) et va voir ce que tu n’avais pas compris.
Parce que, je le répète, l’immense majorité des conflits (dans la musique) naissent à cause d’une incompréhension. Tu as remarqué mes parenthèses ?
Si tu signes alors qu’il y a une phrase que tu n’as pas bien comprise, un seul mot de vocabulaire sur lequel tu hésites, une phrase trop vague, un chiffre pas clair : tu prends un énorme risque.
Attention au réflexe : “mais non c’est rien”
Très souvent, LE minuscule truc qu’on avait mis de côté parce qu’on n’a pas bien compris l’utilité, et qu’on se dit “maais nooon c’est riiien“… c’est précisément le truc qui te revient dans la face après, avec une brutalité souvent fulgurante.
Alors, oublie les “requins”, les “producteur véreux”, les “arnaqueurs”. Non, personne ne t’a obligé. C’est toi qui a signé.
Le gros problème c’est que quand on ne comprend pas quelque chose, on a un putain de réflexe : On n’ose pas demander, donc on zappe.
C’est le génie de notre mental que de faire disparaître de notre vue, sur commande, le truc qu’on comprend pas et qui nous emmerde !
Quand tu ne comprends pas un mot, une phrase, un concept, un chiffre, si t’as pas le réflexe de (te) demander tout de suite “c’est quoi ce truc ?”, tu passes à côté, et tu zappes.
On n’est plus à l’école… et pourtant
Rappelle-toi, au lycée :
Combien on était en classe à lever la main quand on ne comprenait pas quelque chose ? Combien ?? Sur une classe de 25 élèves !
Non seulement on n’était pas beaucoup, mais même moi qui posais beaucoup de questions, on me disait de me taire parce que je “dérangeais” le cours. Évidemment qu’au bout d’un moment, je n’ai plus posé de questions. Et ceux qui ne posaient pas de questions… bah ils en posaient encore moins.
Ce qui fait que, arrivé dans la vie professionnelle, quand on est face à un contrat qu’on ne comprend pas… et bien, on ne pose pas de questions !
On a peur de passer pour un con, un ignorant.
Puis, finalement pour se rassurer, et éviter d’avoir l’air con, on se dit la pire phrase qui soit… :
Bon, si j’comprends pas, c’est que c’est pas important, hein ?
BAAH VOYONS !!!!
Personnellement, je conseille qu’on s’entraîne à penser le CONTRAIRE :
Si je ne comprends pas, c’est sûrement que c’est important !
Pourquoi est-ce qu’on n’ose pas poser des questions ?
La peur de mourir !
Ok je remonte un peu loin dans l’espace-temps, mais il semblerait que cette peur ou cette honte de poser des questions, et donc de montrer au groupe qu’on ne sait pas, est liée à une des peurs les plus primitives de l’Homme : la peur d’être exclu du groupe.
(Je ne sais plus si c’est ma propre théorie ou si j’ai lu ça quelque part, mais je trouve que ça fait sens).
Si je montre que je ne sais pas, on va penser que je suis un idiot, donc on va me rejeter.
Il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, être exclu du groupe voulait dire mourir, tout simplement.
Sans l’appartenance à la tribu, on ne pouvait ni chasser, ni se défendre, ni se reproduire.
Éloigné du groupe, on risquait de se faire attaquer et dévorer par un animal sauvage, écraser par un mammouth ou que sais-je encore.
Donc c’est tout simplement notre instinct de survie qui se serait exprimé.


La peur du regard des autres
Petit à petit, on a commencé à tout faire pour nous éviter d’être exclus. Et s’est alors profondément ancrée en nous la peur d’être rejeté par le groupe.
Peu à peu, cette peur a pris des proportions plus ou moins gigantesques selon les personnes, les cultures et les époques (regarde autour de toi…).
Ça serait en partie pour ça qu’on aurait trop peur d’être mal vu ou mal considéré si jamais on pose une question inopportune.
OK tout ça, on a compris. Le sujet est passionnant.
Et ça fait sens, n’est-ce pas ?
MAIS BONNE NOUVELLE !!
Aujourd’hui en France, si tu demandes à quelqu’un “ça veut dire quoi exactement un abattement ?“, eh bien tu ne mourras ni de faim ni écrasé par un mammouth 🙂
Donc, si tu n’es pas sûr(e) à 100% d’avoir compris :
POSE LA QUESTION !!!
Et surtout, une histoire de calcul des risques
Une phrase qui résumerait pourquoi j’insiste toujours autant sur ce premier conseil de négociation pourrait être elle-ci :

Le risque que tu prends en posant une question stupide ou inutile (parce que oui c’est possible)
est 1.000 FOIS MOINS important
que celui que tu prends en NE posant PAS une question qui pourrait être déterminante dans tes choix…
Et c’est une des raisons pour lesquelles on s’adresse à des avocats.
Parce que la base du métier d’avocat selon moi c’est poser des questions.
Les connaissances juridiques ne sont que des réponses… aux questions.
Donc une bonne avocate ou un bon avocat apporte les bonnes réponses… aux bonnes questions qu’il ou elle a su (se) poser.

Ta capacité à voir au-delà des contrats
Et dernière chose à ce propos.
Le fait d’oser poser des questions est révélateur aussi de ta capacité à voir au-delà du contrat.
Tu veux que je te dise une des grosses DIFFÉRENCES entre les artistes qui se font arnaquer et ceux qui savent bien négocier ?
▶︎ Les premiers voient un contrat comme un tas de feuilles blanches A4, des mots sur un bout de papier, des feuilles gaspillées, une formalité, un “je signe où ?” et voilà.
▶︎ Alors que les seconds (rares certes, mais les choses évoluent) voient le contrat comme un outil à leur service, comme la marque d’un engagement, la traduction d’une volonté personnelle, et un investissement qui va leur leur permettre de soutenir leur travail et peut-être faire circuler de l’argent sur leur compte en banque !
En résumé :
Si tu as foi en ton projet et que tu as une vision positive et sur le long-terme de ta réussite, ne néglige pas ce conseil.
Chaque fois tu as un doute et un besoin d’éclaircissement : ose demander à ton partenaire. Tu risques beaucoup plus gros en ne posant pas de questions.
Et si tu as besoin d’aide pour déchiffrer un contrat que tu as reçu, sache que je propose des consultations individuelles pendant lesquelles on décortique le contrat ensemble pour que tu puisses être sûr·e de comprendre ce à quoi tu t’engages.
Maintenant par ici pour lire le 2ème conseil pour bien négocier !
Si tu as des questions, des remarques, un partage d’expérience : n’hésite pas à laisser un COMMENTAIRE sous l’article
Et à cliquer sur le si ça t’a été utile ! Merci.
2 réponses
Bonjour, j’aimerai bénéficier de vous services pour décortiquer mon contrat. Vous conseil m’ont l’air réfléchies et professionnel
SVP
Merci pour ton message.
Si tu as besoin de consultations, tu as toutes les informations sur cette page {décryptage de contrats}: Consultations
À Bientôt !